Théâtre 2021 - L'Offense

 L'offense


Commande sur le site de l'éditeur



Adaptation d'après Jacques le Fataliste de Diderot
Sélection du comité de   Petit théâtre de Vallières - 3ème prix
De quoi est capable une femme offensée pour venger son honneur ? Les personnages  sont à l’image de la société de l’époque, de leur milieu. Ni bons ni mauvais, leur morale est le reflet de ce temps. 
L’histoire est-elle vraie ? Comment  démêler le vrai du faux sur une scène de théâtre.
Au reste, souvenez-vous que dans un sujet aussi variable que les mœurs, il n’y a rien d’absolument, d’essentiellement, de généralement vrai ou faux ; sinon qu’il faut être ce que l’intérêt veut qu’on soit, bon ou mauvais, sage ou fou, décent ou ridicule, honnête ou vicieux.
3F /2H
Durée 1h20












Extrait

PRELUDE

Le comte est en avant-scène. Sur le plateau les deux lieux sont suffisamment éclairés pour être vus.
Mme P. et le marquis se tiennent dans le salon de Mme de P. 
Mme D. et Lucile sont dans le séjour de Mme D.


Le comte, au public. — La curiosité vous ronge, chers spectateurs. Vous tremblez d’impatience sur vos fauteuils, j’entends d’ici vos questions et je vais y répondre autant que faire se peut.
Comment s’étaient-ils rencontrés ? 
Par hasard, comme tout le monde. 
Comment s’appelaient-ils ? 
Qu’importe puisque ce sont des personnages. 
D’où venaient-ils ? 
Du lieu le plus prochain de chacun d’entre nous. 
Où allaient-ils ? 
Est-ce que l’on sait où l’on se rend quand la passion niche à la croisée des chemins. Certains diront que la route est tracée d’en haut. Permettez-moi d’être en désaccord. Que viendrait faire le Ciel dans une histoire où la vengeance mène l’équipage au bord du précipice.
Et les personnages à quoi ressemblent-ils ?
Ils sont à l’image de la société de l’époque, de leur milieu. 
Ni bons ni mauvais, leur morale est le reflet de ce temps. 
L’histoire est-elle vraie ?
Comment démêler le vrai du faux sur une scène de théâtre.
Au reste, souvenez-vous que dans un sujet aussi variable que les mœurs, il n’y a rien d’absolument, d’essentiellement, de généralement vrai ou faux ; sinon qu’il faut être ce que l’intérêt veut qu’on soit, bon ou mauvais, sage ou fou, décent ou ridicule, honnête ou vicieux.
L’affaire remonte à plus d’un an. 
Un soir après avoir soupé chez un duc de mes amis, je raccompagnai chez elle une jolie veuve, Mme de P., dont j’étais éperdument amoureux sans être hélas payé de retour. Espérant tirer les marrons du feu, je l’informai que l’homme pour qui battait son cœur ne tarderait pas à la délaisser. Comment envisager les remous que mon indiscrétion allait provoquer dans son âme. 
La vie serait une comédie bien agréable si on n’y jouait pas un rôle.
Mais, l’heure tourne…
Jacques, il est temps de frapper les trois coups.

Le comte va s’installer à vue dans le salon de Mme de P. ; le marquis, Mme D. et Lucile sortent. Les personnages qui sont hors jeu se tiennent en limite du plateau.

 
1 - PAVANE
Un an avant. 
Lumière tamisée évoquant la lueur des candélabres.
Nous sommes dans le salon de Mme de P. ; un chien empaillé grandeur nature est posé sur un fauteuil. Mme de P. repose sur une méridienne. Sur un guéridon, un plateau avec une carafe d’eau, des verres et  un carafon de porto. 

Le comte — Vous avez entendu ? 
Malesherbes est parvenu à empêcher les Jésuites de mettre la main sur l’Encyclopédie. C’est une victoire de la raison et de l’esprit. Quant aux jansénistes, comme le soulignait notre cher duc…

Mme de P., le coupe. — Vous tairez-vous un instant par pitié ? 
Les débats étaient passionnants, mais je n’y tenais plus. Je serais partie plus tôt si je n’avais dû vous attendre, vous et votre carrosse.
La vanité des plaisirs mondains m'incommode, je suis lasse.

Le comte — Votre humeur n’a échappé à personne. Pardonnez ma franchise, chère Diane, vous avez tort de vous laisser percer à jour. On lit en vous comme une cartomancienne dans ses tarots. Demain tout Paris racontera que votre petit marquis vous délaisse. 
La rumeur se répandra, on se gaussera et vous perdrez la face. Prenez les devants, ma chère amie. 
Comprenez-moi à demi-mot.
(Un long silence, pendant lequel Mme de P se sert un verre d’eau.) 
Vous aurais-je froissée ?

Mme de P. — Vous me prenez pour une ingénue. (...)

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