Théâtre 2021- La Célestine




La Célestine de Louise Caron Commande aux Editions Les Mandarines

(32 pages, 10€ broché, ISBN : 978-2-491921-04-0)


Librement inspiré du roman d'Octave Mirbeau 
Dans cette adaptation, c’est Isidore qui évoque Célestine — de son arrivée au domaine jusqu’à son départ avec Joseph homme louche et troublant. Et, c’est au travers des souvenirs d’Isidore que le récit de Célestine prend vie, nous livrant l’histoire ou plutôt les histoires qui ont tissées chaque jour sa vie domestique soumise aux volontés des maîtres. Le soir venu, sa besogne achevée, elle prend sa revanche en notant sur son carnet, pêle-mêle, une juxtaposition d’évènements sans distanciation entre passé et présent. Tout est mis sur le même plan, la noirceur morale des maîtres, la subordination vicieuse des domestiques et les détails du quotidien. Ainsi, le présent éclaire le passé et laisse le futur incertain. L’adaptation a prit le parti de garder cette vision non finaliste du monde qui était celle d’Octave Mirbeau. Entre narration et mise en scène des faits anciens ou présents, elle nous place devant une farce cruelle et drôle, nous obligeant à regarder « La Méduse en face. » Cruelle, ô combien ! car  « Rien n’est plus drôle que le malheur des autres. », disait Samuel Beckett. Ici la servitude corrompt et la mort a partie liée avec le sexe. Farce, dans la mesure où, si on regarde bien, tout se passe comme si une puissance diabolique se jouait des humains et s’amusait à tromper leur attente ou à leur infliger des souffrances incongrues ou des récompenses arbitraires.
4F/1H ou 1H/1F 
Durée 1h15

Extrait :
Séquence 1

Sur la scène un fauteuil recouvert de draps. Une femme en robe noire, une valise à la main. Mr Isidore Lanlaire est assis dans le fauteuil.  Il embrasse le drap tel une poupée de chiffon.
La lumière monte.

Isidore — Elle est arrivée avec l’automne. 
C’était le 14 septembre, le temps s’étirait sans grâce, mou,  humide. 
J’étais allé chasser, chasser façon de parler, je ne chasse pas je marche. 
Le besoin de vider mes poumons de l’air vicié du château, m’aérer la tête, faire un sort aux tracas qui m’assaillent, oublier une heure ou deux la bourse qui baisse, les métayers qui nous volent, ma femme, son ventre stérile, sa voix de crécelle, ses seins flasques, son  acrimonie et son avarice.
(Il hume le drap, le serre cotre lui, le berce.)
Ah ! Célestine, Célestine.
De sa place Célestine s’anime.

Célestine, de sa place   — Aujourd’hui, à trois heures de l’après-midi sous une petite pluie de septembre, j’ai pris ma nouvelle place. 
La douzième en deux ans.  
C’est dire. 
Je peux me vanter que j’en ai vu des intérieurs et des visages, et de sales âmes… 
Et je ne crois pas que ce soit fini… 
Faut-il que les maîtres soient difficiles à servir qu’on ne songe qu’à aller voir ailleurs !… C’est à ne pas croire. Enfin, me voilà en Normandie, au Mesnil-Roy dans la maison de mes nouveaux maîtres affublés d’un nom ridicule : Lanlaire… 
Monsieur et Madame Lanlaire… Monsieur et Madame va-t’faire Lanlaire !…
Vous voyez d’ici toutes les plaisanteries que ça peut provoquer.  Quant à leurs prénoms, ils sont peut-être plus ridicules encore.
Isidore  et Euphrasie,… Je vous demande un peu. Euphrasie !…
La propriété s’appelle le Prieuré… C’est à peu près tout ce que je sais de l’endroit où, désormais, je vais vivre… 

(La lumière baisse. Musique  Recomposition de l’espace.)

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