samedi 4 avril 2015

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Avis sur Chronique des jours de cendre : Louise Caron

Publié le 4 Avril 2015: Avis de Pierre Duriot sur Le Figaroscope



Cette guerre toujours hérissée de bons prétextes n'est qu'inhumanités extrêmes dépassant les humanités ordinaires. L'auteur explore les deux camps, une plongée dans une insurrection mortifère irakienne d'où elle extrait chaque fois les sentiments les plus universels des hommes et des femmes englués dans leurs vies. Elle se penche sur le sens de la fratrie, de la famille, de la culture et de l'instruction, décrit le présent d'horreurs insoutenables auquel on finit pourtant par s'habituer selon un mode orwellien, destructeur et déstructuré. 
La guerre moderne n'a pas de dimension humaine et encore moins féminine, elle n'est en aucun cas une solution, ni à court ni à long terme. Odes à la liberté, à la culture et au respect, les lignes de cendre renvoient à des rapports et des échanges situés au-delà des religions, des politiques et des cultures, quand l'esprit dépassé par l'enjeu et la violence des conflits tente de se raccrocher à ce qu'il a de plus noble, à ce qui confère à l'humanité sa capacité à vivre en paix avec son prochain. 
Réflexion intense sur la confrontation et la civilisation, œuvre féminine plus que féministe, le livre de Louise Caron oppose la culture et l'instruction à la barbarie, l'érudition à la religion. Elle surmonte le combat armé par l'intelligence et le respect, invite le lecteur à l'élévation. D'une écriture claire et sensuelle, comme le remous d'un torrent, elle narre un quotidien palpable, des pensées intérieures et des cheminements dramatiques, exhume les mœurs intimes et les sens cachés, parle à nos subconscients meurtris par géopolitique et la religion omnipotentes, comme des chapes de plomb sur nos esprits. Au fil des pages un voix apaisée murmure à nos oreilles et nous émancipe d'une noirceur guerrière qui n'est pas la nôtre.

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