Avis sur Chronique des jours de cendre : Louise Caron
Cette guerre toujours hérissée de bons prétextes n'est
qu'inhumanités extrêmes dépassant les humanités ordinaires. L'auteur explore
les deux camps, une plongée dans une insurrection mortifère irakienne d'où elle extrait
chaque fois les sentiments les plus universels des hommes et des femmes englués
dans leurs vies. Elle se penche sur le sens de la fratrie, de la famille, de la
culture et de l'instruction, décrit le présent d'horreurs insoutenables auquel
on finit pourtant par s'habituer selon un mode orwellien, destructeur et
déstructuré.
La guerre moderne n'a pas de dimension humaine et encore moins
féminine, elle n'est en aucun cas une solution, ni à court ni à long terme.
Odes à la liberté, à la culture et au respect, les lignes de cendre renvoient à
des rapports et des échanges situés au-delà des religions, des politiques et
des cultures, quand l'esprit dépassé par l'enjeu et la violence des conflits
tente de se raccrocher à ce qu'il a de plus noble, à ce qui confère à
l'humanité sa capacité à vivre en paix avec son prochain.
Réflexion intense sur
la confrontation et la civilisation, œuvre féminine plus que féministe, le
livre de Louise Caron oppose la culture et l'instruction à la barbarie,
l'érudition à la religion. Elle surmonte le combat armé par l'intelligence et
le respect, invite le lecteur à l'élévation. D'une écriture claire et
sensuelle, comme le remous d'un torrent, elle narre un quotidien palpable, des
pensées intérieures et des cheminements dramatiques, exhume les mœurs intimes
et les sens cachés, parle à nos subconscients meurtris par géopolitique et la
religion omnipotentes, comme des chapes de plomb sur nos esprits. Au fil des
pages un voix apaisée murmure à nos oreilles et nous émancipe d'une noirceur
guerrière qui n'est pas la nôtre.
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